Voilà maintenant plus de 6 ans que je travaille dans le monde du Web. Au cours des deux dernières années, j’ai développé ce que l’on appelle un syndrome de boreout. Depuis mon adolescence, je me suis toujours senti en décalage par rapport à mes camarades, aux études comme au travail. Non pas que je sois antisocial, bien au contraire, mais j’ai toujours eu l’impression de penser et de faire les choses différemment.
Plus jeune, j’ai eu beaucoup de mal à appréhender ce décalage. Puis, j’ai pu y mettre un nom : l’hypersensibilité. L’hypersensibilité, c’est refaire sans fin un parcours de montagnes russes tout en vivant avec l’impression que ses émotions n’ont jamais de juste milieu.
C’est aussi une force incroyable dans la vie de tous les jours : il est très facile de se mettre à la place des autres et de les comprendre. Il est plus aisé de pousser la réflexion hors des sentiers battus simplement parce que l’on peut s’attarder sur des détails auxquels les autres ne s’arrêtent pas. Mais dans un travail de 9 à 17h, cinq jours par semaine quasiment toute l’année, c’est difficile à gérer, surtout lorsque l’ennui s’installe.
Mais comment diable peut-on s’ennuyer dans son travail à moins de 30 ans alors que l’on a des responsabilités et un bon salaire ?
Dans mon cas c’est très simple : il y avait un trop grand décalage entre mes aspirations personnelles et la vie que j’étais en train de mener. Je perdais peu à peu de l’intérêt pour mes missions et par dessus tout n’y trouvait que très peu de sens. Plus j’avançais, plus je voyais que j’étais aspiré dans un milieu dans lequel je m’étais promis plus jeune de ne pas évoluer : il y a des choses que l’on oublie pas. Et lorsque le Monde qui nous entoure s’effondre ou, du moins, atteint ses limites, il n’est pas difficile de remettre en question le sens que l’on donne à sa vie.
D’un point de vue de jeune occidental, et je pense pouvoir parler au nom d’une certaine partie de ce que l’on appelle les milléniaux, il y a cette sensation d’avoir été jeté dans un monde au bord de l’implosion fait de distractions chronophages, de déséquilibres qui se creusent et de non sens. Au Canada comme en France, l’État, les grandes institutions et la majorité des entreprises peinent à s’intéresser réellement aux causes qui semblent pourtant être les plus grands défis de l’avenir : l’environnement, les inégalités sociales et aussi peut-être la réforme profonde des modèles de travail. Certes, il est très difficile de manœuvrer un énorme paquebot dans la tempête, mais au moins dans ce cas-ci le capitaine sait qu’il doit changer de cap pour quitter les eaux troubles le plus rapidement possible. Personnellement, j’ai l’impression que nos capitaines s’enfoncent de plus en plus dans la pluie, le brouillard et la grande houle. Dès lors, il était important pour moi de prendre du recul et de trouver des solutions pour ne plus avoir l’impression de faire partie du problème.
Ne vous y trompez pas, je ne crache pas dans la soupe. J’ai eu la chance de travailler dans des milieux de travail extrêmement enrichissants et de rencontrer des personnes incroyables. Chez Adviso, j’ai découvert une entreprise humaine et bienveillante avec une forte volonté d’indépendance et un fort ancrage dans sa communauté. J’ai beaucoup appris. Chez OnCrawl, j’ai côtoyé des génies du SEO et de la Data qui travaillaient à créer un formidable outil d’analyse de données.
Malgré tout, j’aspirais à autre chose. Je souhaitais une vie “à la carte” où je pourrais donner du temps à des êtres et des causes qui me sont chères, tout en continuant la pratique du SEO. En somme, plus de flexibilité et de liberté, plus de temps passé à aider les autres, plus de temps à apprendre, plus de temps pour réfléchir à d’autres moyens de faire avancer les choses.
Peu à peu, il m’a semblé évident qu’il fallait que je crée moi-même le modèle dans lequel je voulais évoluer, tout simplement parce qu’il n’existe pas. J’ai donc créé cette structure qui me permettra de graviter à ma manière autour du SEO et, qui sait, d’autres disciplines ? Par ailleurs, j’ai désormais le temps de m’investir dans d’autres causes, dont je parlerai prochainement ici. Plus le temps de s’ennuyer donc !
Pour terminer, une citation du physicien Nassim Haramein, magnifiquement samplée dans un morceau du rappeur Népal qui clôture ce billet !
C’est important pour les gens, surtout pour les gens qui sont plus conscients de ce qui se passe, qu’ils ne tombent pas dans les théories plus négatives que les gouvernements, que les entreprises ont kidnappé l’humanité. Il y a beaucoup de choses qui sont vraies là dedans, mais si on se fixe là dessus, enfin on participe à cette négativité. C’est important de ne pas devenir ce qu’on combat, c’est-à-dire qu’on ne peut pas changer ce système en faisant la même chose que ce système a fait. Si on devient aussi négatif qu’eux, et qu’on les combat de cette façon, on en arrive au même point. Ça n’aide pas, il faut rester positif, en restant conscients de ce qu’il se passe sans l’ignorer. Il faut avoir cette joie de vivre, cette ouverture, cette positivité, parce que la négativité, elle, se détruit par elle-même. Tout ce qu’il faut faire, c’est qu’il faut construire le monde qu’on veut voir dans notre futur.